Un air de printemps en hiver

Bonjour à tous,

Le 17 janvier 2024, nous arrivons chez Beatrice et Lino, dans l'appartement qu'ils louent à Castelluzzo. Nous y faisons la connaissance de Valentina et Joey. Lino est allemand, Joey est écossais et Bea et Vale sont italiennes. Tout ce petit monde jongle entre l'allemand, l'italien et majoritairement l'anglais. Bea, Vale et Lino se sont rencontrés à Berlin. Vale et Joey se sont rencontrés en Australie. L'ambiance est très multiculturelle et avec les voyages personnels de chacun, nous en apprenons beaucoup sur les us et coutumes de différentes cultures. Joey a appris plusieurs chants indigènes qu'il performe tout au long de la journée, par plaisir de chanter pour la nature. En Australie, Vale et Joey se sont formés au massage, et plus précisément au zen thai shiatsu. Plutôt agréable comme compagnie pendant trois semaines !

Le lendemain de notre arrivée, nous conduisons tous ensemble jusqu'au terrain de Bea et Lino où nous restons garés pendant trois semaines. Leur terrain est au pied d'une petite montagne dont l'autre versant est occupé par des carrières de marbre. Depuis leur terre, nous avons une belle vue sur Monte Cofano, la mer et le parc national de Zingaro. Il s'en dégage une impression d'espace, d'air et de sérénité. Nous nous mettons au travail le jour même ! Nous commençons par désherber les petits chemins, ranger la cuisine extérieure et rendre l'endroit habitable. Personne n'y a vécu depuis le début de l'hiver. Enfin, quand on dit hiver... En Sicile, l'hiver ressemble au printemps belge. C'est le moment de l'année où tout redevient vert, les fleurs sortent et les amandiers sont en fleur.

Lors de notre séjour chez eux, notre première mission est de finir de construire un mur en pierre qui fait le tour de leur terrain. Lino commence par expliquer à tout le monde comment imbriquer correctement les pierres afin de construire un mur solide sans utilisation de ciment. Pour cela, il est important de placer régulièrement des grosses pierres lourdes afin d’exercer une pression sur les couches inférieures. Il faut aussi être vigilant de ne jamais placer une pierre avec un versant descendant vers l'extérieur du mur. Nous voulons créer une sorte de petit canyon vers l'intérieur du mur pour que les pierres soient pressées les unes contre les autres et qu'elles ne risquent pas de glisser vers l'extérieur du mur. La construction du mur nous prendra cinq jours et un ongle de Jasper, pour huit mètres. Autant dire que nous n'avons pas du tout fait le tour du terrain, mais Bea et Lino semblent satisfaits du travail accompli et proposent de passer à un autre projet.

Pendant que les connaissances de Jasper sont requises sur l'ordinateur afin de cartographier leur terrain, Pauline est occupée à planter un champ de patates en suivant la méthode de Ruth Stout. Et enfin, après ces derniers projets, vient le temps de la food forest. Mais qu'est-ce qu'une food forest (ou « jardin-forêt » ou « jardin alimentaire ») ? Il s'agit d'une forêt constituée d'arbres et plantes implantées en harmonie et qui donnent des centaines de fruits et noix comestibles. L’organisation des arbres a été soigneusement organisée en préalable par Bea, Lino et un expert. Grâce à la carte élaborée par Jasper, Bea parvient à placer des repères dans le champ pour positionner correctement les arbres en suivant les indications de leur expert. Une rangée d'arbres plus haut est installée à l'ouest de la food forest pour couper le vent. Les arbres plus petits sont placés au nord pour une meilleure exposition au soleil et s'assurer que les plus grands arbres ne leur fassent pas d'ombre. Certains arbres non fruitiers sont eux aussi plantés. Il s'agit d'arbres apportant de l'azote dans les sols, permettant aux autres arbres d'en bénéficier. Enfin, tous les repères sont placés et il est temps de passer à l'action. Pour planter leurs arbres, Bea et Lino choisissent d'utiliser du fumier d'ânes et du sable volcanique de l'Etna. Après avoir rebouché le trou, sans pour autant tasser la terre, nous recouvrons le sol de cartons pour éviter que les mauvaises herbes viennent envahir notre nouvel arbre. Nous terminons par une bonne couche de copeaux de bois et un joli cercle en pierre pour ne pas confondre notre nouveau locataire avec une mauvaise herbe. Ce projet ne nous prend que trois jours pour planter une vingtaine d'arbres mais quelle joie ! C'est excitant d'aider Bea et Lino dans cette étape. Nous savons que notre travail sera apprécié pendant plusieurs années. Enfin, surtout dans plusieurs années... Et ça nous parait tellement important comme étape de planter des arbres sur une terre. C'est un impact rapide, positif et durable. On en retire beaucoup de bonheur et de satisfaction.

Entre toutes ces tâches, plus ou moins physiques mais toutes agréables, Bea et Lino ont plein de chouettes manières pour se détendre. Nous sommes allés voir un coucher de soleil ensemble au pied de Monte Cofano. Vale a offert un massage de trente minutes à Pauline en plein soleil. Joey a proposé une séance de cupping (massage par ventouse) à Jasper. On se fait chouchouter ! Et enfin, un autre jour où il faisait particulièrement froid, nous prenons nos maillots et nous roulons trente minutes jusqu'au hot springs. Il s'agit d'une source d'eau chaude gratuite, naturelle et en plein air non accessible en voiture. Il faut marcher cinq minutes depuis le parking. Nous sommes arrivés vers 18h30 donc il faisait déjà noir. L'endroit n'est pas éclairé et les gens en profitent pour se détendre calmement. Quand Bea nous dit « nous y sommes » nous regardons autour de nous. Nous ne voyons rien et nous n'entendons rien. Quand nos yeux s'adaptent enfin à l'obscurité, nous voyons, dans un petit étang fumant, une vingtaine d'Italiens flottant comme des petits sachets de thés. A notre tour, nous venons nous glisser dans le bon bain chaud. Nos corps se relaxent instantanément, surtout après de longues journées à porter des pierres ou creuser des trous. Nous poussons de grands soupirs et apprécions notre premier bain chaud depuis les hot springs de Grèce. Après quelques minutes, Joey nous propose de le suivre jusqu'à une grotte secrète où l'eau est encore plus chaude. Nous marchons avec lui cinq ou dix minutes, remontons la rivière (froide) jusqu'à une petite grotte que nous n'aurions jamais trouvée sans lui. L'eau doit y avoisiner les cinquante degrés sans être plus profonde que trente centimètres. C'est un régal. Nous alternons entre l'eau chaude et l'eau froide de la rivière. Pour sublimer ce moment déjà plutôt parfait, Joey s'installe avec nous dans la petite grotte et chante un chant indigène dédié à l'eau. Sa voix remplie la petite cavité et se fond parfaitement dans le moment. Sous un ciel étoilé, voici un instant inoubliable.

Autres les activités pour relaxer nos corps endoloris, nous avons eu plusieurs activités pour nous changer les idées. Bea et Lino ont organisé une pizza party à leur appartement où ils ont un four en pierre pour l'anniversaire de Jasper. Bea s'occupe pendant plusieurs jours de sa pâte à pizza au levain. Elle la garde au chaud, la regarde lever et va jusqu'à rater une journée de travail pour s'assurer que tout se passe comme prévu. Et en effet, sa pâte était délicieuse ! Pour l'anniversaire de Joey, nous sommes allés à San Vito Lo Capo pour faire de l'escalade sur falaise. C'était une magnifique expérience. Nous étions encadrés par deux guides, sur une belle falaise en bord de mer. Nous avons fait quatre montées en augmentant la difficulté graduellement. Au final, nous sommes vachement fiers de nos performances !

Et finalement, nous avons participé à une frites party chez un voisin, Alberto. Alors, ce monsieur mérite quelques lignes. Alberto a acheté un énorme terrain sur la montagne de l'autre côté de la vallée. Il y élève une dizaine d'ânes, un cheval, trois gros cochons, des oies, des chèvres, des vaches, et sûrement plein d'autres animaux que nous n'avons pas vus. Alberto a commencé à construire une quinzaine d'appartements et un espace camping avec une vingtaine de caravanes prêtes à l'emploi. Il a un énorme restaurant pour 200 personnes, un camion converti en mur d'enceintes pour animer un festival et un bus transformé en bar. Alberto a beaucoup, beaucoup d'idées et d'envies. Il commence chaque projet, mais en termine peu. Il est ingénieur et l'intégralité des commodités qu'il a apportée lui-même à son terrain est impressionnante. Il a besoin d'aide pour finir ce qu'il a commencé et nous lui souhaitons de trouver les personnes pour habiter ces appartements, ouvrir son camping et gérer tous ces projets. En attendant, son grand restaurant nous a permis de cuisiner de bonnes frites belges et d'avoir une soirée karaoké dont les ânes et les vaches se rappelleront.

Le moment de partir se rapproche mais en chemin pour aller remplir le réservoir d'eau potable, Gary fait un bruit. Mais ce bruit on le connaît, c'est exactement le même que celui que nous avons entendu en Grèce. Ah non, ça ne va pas recommencer ! On a déjà eu deux problèmes en janvier ! Oui, mais là on est en février. Alors, à vos portefeuilles parce que c'est le moment de repasser au garage. Nous allons chez le petit garagiste de Bea et Lino qui comprend rapidement que le problème est identique à celui que nous avons eu en Grèce, et en France. C'est un roulement qui a rouillé. Il nous explique que c'est normal avec le temps et la pluie que cette pièce rouille. Nous l'avons changé il y a deux mois et avons eu trois jours de pluie maximum entre temps mais bon, nous ne sommes pas spécialistes. Le garagiste trouve une autre pièce à changer au niveau du train arrière mais le total ne sera pas trop élevé. Ces problèmes retardent notre départ d'une semaine. Ça tombe bien vu que notre installation de gaz doit aussi être changée car nous sentons une fuite. Heureusement que tout ça arrive lorsque nous sommes chez Bea et Lino. Ils nous offrent les commodités dont nous avons besoin le temps des réparations. Finalement, il semblerait que nous passions à deux problèmes mécaniques par mois. Il est temps pour Gary de prendre sa retraite !

Avant de reprendre notre route, nous aimons écrire ce que nous retenons de ce séjour dans un nouveau projet. Bea nous a beaucoup appris sur la cueillette sauvage. Elle nous a montré avec quelles plantes nous pouvions sublimer une salade, cuisiner des pâtes, préparer une soupe et faire un pesto. Nous avons enfin appris la différence entre le finocchietto (délicieux fenouil sauvage) et la ferula (plante toxique qui ressemble méchamment au fenouil). Le truc est simple, le finocchietto sent comme le fenouil et la ferula est plus grande et ne sent rien du tout. Ici, on cuisine avec ce qui est présent naturellement sur le terrain, surtout en hiver où le potager est moins garni.

Nous retenons l'importance de suivre le rythme individuel de chaque participant. Bea et Lino sont toujours très sensibles à l'état d'esprit et à l'état physique de chacun. Ils encouragent les pauses et les temps calmes. L'importance est moins dans la productivité mais plus dans le ressenti et le plaisir du moment présent. Enfin, nous retenons leur créativité dans la récupération des déchets. Ils connaissent plusieurs entreprises aux alentours et travaillent en collaboration avec eux pour recycler leurs déchets. Ainsi, les copeaux de bois produits par une scierie sont utilisés dans la toilette sèche, les sacs en toile de jute d'une entreprise de patates sont utilisés pour créer des petits chemins dans le potager, les restes d'un moulin à huile d'olive sont épandus sur les nouveaux arbres et le champ de patates pour la matière organique et l'isolation. Toutes ces collaborations sont gratuites pour Bea et Lino qui doivent juste penser à passer dire bonjour de temps en temps et collecter ce qui est disponible. Voilà un chouette esprit de collaboration locale, durable et écologique !

Le 8 février 2024, nous disons au revoir à tous nos nouveaux amis, y compris deux volontaires français qui sont arrivés quelques jours avant notre départ, Joaquim et Lana. La relève est prête ! Nous partons en direction de Palerme où notre dernier ferry du voyage nous attend pour nous emmener jusqu’à Naples. Quel soulagement qu'il s'agisse du dernier ferry. Ce ne sont pas les meilleures nuits de notre voyage. Nous arrivons à Naples le 11 février au matin. Notre séjour en Sicile est terminé. Ce que nous en retenons de la Sicile c'est la météo très plaisante en hiver, les gens joyeux et accueillants et la nourriture délicieuse. On mange bien et beaucoup en Sicile ! Tant mieux, on y retournera.

Nous arrivons chez nos amis Elisa et Claudio, dans les Abruzzes, le lendemain de notre ferry. Souvenez-vous, il s'agit des stars du post « Entourés par des oliviers ». Nous avions tellement bien accroché avec eux que nous sommes restés en contact. De hôtes, ils sont passés à amis très rapidement. Nous restons une semaine chez eux pour les aider au jardin. Le programme est de préparer le potager pour le début du printemps. Nous y travaillons la terre avec la grelinette afin d'assouplir leur terrain qui est argileux, ce qui le rend dur et compacte. Ensuite, nous appliquons une généreuse couche de composte et enfin, nous recouvrons de paille. Et voilà, de belles lasagnes prêtes à être cultivées. Nous avons aussi appris à élaguer les oliviers de leur oliveraie. La semaine passe très vite. Nous parlons beaucoup de nourriture avec Elisa. On planifie nos repas et tout ce que nous voulons goûter. Mais catastrophe, Elisa se rend compte que nous repartons déjà dimanche matin et qu'il nous manque donc un repas pour cuisiner un des plats évoqués. Elle est très frustrée ! On décide alors de partir dimanche après le repas du midi pour faire ce fameux carbonara a la verdura. Elisa saute de joie et se dit soulagée. Nous nous rendons compte que nous avons donc trouvé des très bons copains.

Le dimanche 18 février, après manger, nous prenons la route pour le nord de l'Italie où beaucoup de belles choses nous attendent. Dans une semaine, nous revoyons les parents de Pauline, Cécile et ses enfants, Nora, Inigo, Selva, Franci, Tina, et toutes ces personnes si chères à nos cœurs. Qu'est-ce qu'elles nous ont manqué ! Il faudra encore être un peu patients pour retrouver le reste de nos familles et amis en Belgique. Mais il s'agit d'une réalité à laquelle il faudra s'habituer lorsque nous nous installerons en Italie. En parlant de ça, nous sommes aussi très excités à l'idée de revoir ce terrain qui nous avait plu et, qui sait, se l'approprier ?

Ce post est rédigé le 18/02/24 par Pauline dans le camping-car pendant que Jasper est au téléphone avec sa maman.

À l'ombre de l'Etna

Bonjour à tous,

Après notre arrivée à Bari, nous hésitons à descendre visiter les Pouilles. Nous avions passé rapidement cette région en chemin vers l'Albanie mais nous pourrions y prendre notre temps cette fois-ci. Nous descendons donc vers Alberobello pour voir les fameux Trulli, des petites huttes en pierre traditionnelles. Après une belle journée de visite, nous avons des difficultés à trouver un endroit pour la nuit où nous nous sentons en sécurité. Malheureusement, la région n'est pas vraiment camping-car friendly. Nous décidons donc de ne pas s’attarder. Ce n'est pas grave, l'Italie est grande et diversifiée. Il y a plein d'autres beaux endroits à voir. Jasper nous programme une dernière virée dans les montagnes avant que la météo ne se dégrade trop. Nous roulons vers le parc régional « di Gallipoli Cognato Piccole Dolomiti Lucane » (rien que ça) où nous faisons une superbe balade entre Pietrapertosa et Castelmezzano. Cela fait du bien de quitter l'air de la mer pour retrouver la fraîcheur des montagnes. Beaucoup de gens écriraient cette phrase à l'envers. Mais nous, c'est à la montagne que nous passons les plus beaux moments de notre voyage. Nous enchaînons sur le parc national « del Pollino » où nous dormons seuls à 1350m d'altitude au milieu des chevaux sauvages, avec un magnifique coucher de soleil. Le lendemain, nous nous réveillons avec les premiers rayons du soleil pour faire une grande balade... DANS LA NEIIIIIIIIGE !!! C'est un magnifique souvenir et un privilège avec notre vieux camping-car d'arriver à monter dans ces hauteurs. On en profite pour faire une tonne de photos et quelques vidéos de Pauline qui joue dans la neige. On a eu quelques frayeurs en redescendant tout ça vu qu'il y avait un peu de neige sur la route. Mais Gary est une vraie petite chèvre, il grimpe partout ! Bon, ce n'est pas tout ça mais je crois me souvenir qu'on devait se rendre en Sicile... Nous redescendons des montagnes pour prendre la route de Villa San Giovanni où notre ferry nous attend. En route, nous nous arrêtons à Pizzo pour déguster le célèbre Tartufo di Pizzo qui est en effet une tuerie. Une sorte de gâteau glacé avec du chocolat fondant dedans, une bombe. Nous visitons également Tropea, une ville perchée sur des falaises surplombant la mer. Et finalement, la dernière attraction avant la Sicile est la ville fantôme de Pentidattilo. C'est sur ce parking que nous passons notre réveillon de Noël tous les deux. Pour se rappeler nos familles et notre pays, nous cuisinons du vol-au-vent le 24 décembre et un bon Panettone le 25 au matin. C'est dur d'être loin lors d'une fête aussi familiale, mais on se réconforte en se disant qu'on se rattrapera l'année prochaine !

Le 27 décembre 2023 nous arrivons en Sicile, à Messine. Notre première observation c'est qu'au moins l'état des routes est meilleur qu'en Calabre ! Notre deuxième observation c'est que pour une petite île, il y a du monde. Et notre troisième observation c'est que merde, notre pompe à eau est en train de nous lâcher. C'est le moment de re re re re rechercher un garage ! Nous trouvons le même matin un spécialiste en camping-car qui nous remplace notre pompe en une heure. Ce problème technique est survenu à 9h du matin et à 11h c'était déjà résolu. A force d'avoir des problèmes avec Gary, on commence à être des as de la réparation. On se rend compte que nous avons une moyenne d'un problème technique par mois. Mais il faut croire que nous avons résolu le problème de la pompe à eau trop rapidement pour que ça compte vraiment parce que maintenant la caméra de recul ne fonctionne plus... Ce n'est pas grave, on inspire....... et on expire. La caméra est commandée sur internet sans plus tarder et tout se passe au mieux.

N'oublions pas que notre voyage est aussi à propos de rencontre et d'apprentissage. Même si la prochaine étape de notre vie se précise, notre voyage nous offre encore l'opportunité d'apprendre des choix d'autres personnes. Nous nous reconnectons au site Workaway pour trouver des projets en Sicile. Vu que nous voulons passer le reste de l’hiver ici, nous décidons de contacter trois différents endroits. Un endroit à propos de la construction d'une maison, un endroit à propos des ânes et un endroit sur la construction d'un mur en pierre et l’implantation d'une food forest. Ce sont chacun des projets qui résonnent avec les visions que nous avons de notre futur. Malheureusement, les jours passent et nous n'avons qu'une seule réponse. Il s'agit du projet dans le nord de l’île, près de San Vito Lo Capo, où Bea et Lino veulent continuer à construire des murs en pierre autour de leur terrain et planter une food forest. Nous avons un super chouette contact téléphonique avec eux et nous décidons de les rejoindre le 17 janvier. D'ici là, nous avons un peu plus de deux semaines pour visiter la Sicile. Notre première étape est de trouver un endroit où fêter le nouvel an. Jasper a la super idée de se garer en hauteur, près d'un monastère, pour observer les feux d'artifice. C'était la meilleure idée du monde. Mon dieu quel spectacle ! Nous avions une vue à 360 degrés sur la région et chaque petit village y a mis du sien pour nous offrir un show de 20 minutes où nous avons assisté à au moins un million de feux d'artifice. Nous pouvions même apercevoir ceux sur le continent ! Une magnifique entrée en matière pour l'année 2024. Une fois l'adrénaline redescendue, on se demande bien ce qu'on va faire pendant les deux prochaines semaines...

Eh bien, nous remettons nos casquettes de touristes et c'est parti pour un road trip entre culture et nourriture. Une amie nous a dit que nous allions prendre dix kilos en Sicile et nous n'avions pas tout de suite compris pourquoi. Mais oui, en effet, il y a moyen de prendre quelques tailles de pantalon ! Chaque ville, chaque village a une (ou plusieurs) spécialités culinaires à déguster. Il y a les fameux arancini, les cannoli, les différentes saveurs de gelato, les paninis, les granite, les brioches en tout genre, les panelle, le cassatelle, les tonnes de biscuits, le massepain, et j'en oublie plein. Je dirais que, globalement, le point commun c'est la ricotta. Tout est délicieux et tout est à petit prix. Alors, ne vous inquiétez pas, on a assez à manger.

D'un point de vue culture, nous avons eu la chance de visiter plusieurs sites, à commencer par le théâtre de Taormina. La ville est très belle, mais très touristique. Nous prenons le temps d’admirer la magnifique vue depuis le théâtre où, s'il n'y a pas de spectacle, c'est l'Etna qui fait le show. Depuis que nous avons visité la ville fantôme de Pentidattilo, nous avons toujours l'Etna dans notre champ de vision. Petit à petit, nous nous rapprochons du volcan. Sous chaque angle il donne une vue à couper le souffle. Tantôt il joue avec le coucher de soleil qui vient se cacher derrière son flan, tantôt il prend la vedette à n'importe quelle cantatrice qui viendrait se représenter à Taormina. L'Etna crache même des petits ronds de fumée parfaitement symétrique, comme si un vieux chef indien au sommet essayait de nous faire passer un message. C'est décidé, on va le monter ! C'est la première fois que Pauline grimpe sur un volcan en activité. Nous prenons le bus depuis Nicolosi qui nous dépose au refuge Giovanni Sapienza, à 1900 mètres d'altitude. Nous montons à pied jusqu'à « Piccolo Refugio » à 2500 mètres d'altitude où un bus nous conduit à 2900 mètres d'altitude pour suivre un guide le long des différents cratères et observer la lave de la dernière éruption qui date de novembre 2023. On peut la toucher et c'est encore bien chaud. Il fait froid à cette altitude, il y a de la neige par-ci par-là et beaucoup de vent. Pendant que notre guide parle, il nous propose de nous réchauffer en nous asseyant sur un flan d'un cratère. Quelle surprise de se retrouver sur un siège chauffant ! Le sommet est fermé aux visiteurs, vu qu'il s'agit d'un site actif mais nous en prenons plein les yeux.

Après l'Etna, nous visitons la Necropole de Pantalica qui est composée de 5000 tombes gravées dans la roche à l'Age du bronze. Dans les jours suivants, nous enchaînons pour visiter Syracuse, Noto et Ragusa. Dans chaque ville, on se sent un peu à l'écart de la mode italienne. Comparé à de simples touristes, nous avons l'air de deux plombiers. Pour une fois, Pauline essaye de faire un effort vestimentaire. Rien n'à faire, les gens continuent à nous regarder bizarrement. Nous entendons dans un documentaire qu'il est important en Italie d'assortir ses chaussures avec ses vêtements. Super fière, Pauline sort ses bottes jaunes et son ciré jaune dès le premier jour de pluie !! Mais non visiblement, ce n'est pas bon non plus. Limite pire... Tant pis, on va dire qu'on ressemble à deux aventuriers.

Le mauvais temps arrive et la météo annonce deux jours de pluie et de grands vents. Nous décidons de rouler vers l'intérieur des terres pour se mettre à l'abri. Il y a une petite ferme, « OlivenOnkel », où nous passons deux nuits. Nous y rencontrons Antonino et ses deux ânes, ses trois chiens, ses sept chiots, ses cinq chèvres et ses six chats. Les chiots étaient adorables !! Difficile de ne pas en kidnapper un ou deux. On s'est entraîné en Albanie, le dognapping, ça nous connaît ! Antonino est un gentil, drôle, de personnage. Il cuisine pour nous quelques plats typiques de la région avec les plantes qu'il trouve dans son jardin et dans ses prés. Nous goûtons les pasta con finocchietto et les tiges d’artichauts frits. Dans la cuisine sicilienne, il y a quelques règles que nous avons réussi à dégager. Premièrement, il n'y a jamais trop d'huile d'olive. Deuxièmement, il n'y a jamais trop de citron. Troisièmement, ne jamais mettre du fromage sur des pâtes au poisson. Il faut alors préférer des miettes de pain sautées. Nous prenons une leçon de cuisine avec lui et de cueillette sauvage.

Après cette rencontre, nous allons voir la « Scala dei Turchi », Sciacca, Cretto di Burri (une Å“uvre d'art en pleine aire pour commémorer le tremblement de terre de 1968), la réserve de sel de Marsala, Monte Erice et Monte Cofano. Petit à petit, le projet de Bea et Lino se rapproche. Nous ne sommes vraiment pas loin de chez eux mais il nous reste deux jours. Nous terminons donc notre road trip touristique par une magnifique randonnée dans le parc national de Zingaro. Ce sont des montagnes laissées intactes, à part les quelques sentiers de randonnée, le long de la mer. La balade est magnifique. Il y a quelques petites plages de galets, offrant une eau turquoise et limpide. Et tout ça rien que pour nous ! Nous n'avons croisé qu'une seule personne.

Mais ça y est, le shopping est fait, la lessive est faite, les vidanges de Gary sont faites, nous sommes prêts à rencontrer Bea et Lino !

Ce post est rédigé le 11/02/24 par Pauline dans le camping-car pendant que Jasper suit un cours de mécaniques statiques sur son ordinateur. Il ne pleut PAS dehors, pour une fois...

D'un projet à l'autre

Bonjour à tous,

Après un chapitre stressant, même si très surprenant, et souvent désolant, s'ouvre un nouveau chapitre rempli de tendresse et de bonheur. Nous passons presque trois semaines chez Andreas, Peggy et Dimitra. Par où commencer... Premièrement, nous avons le plaisir d'avoir une rencontre planifiée et réfléchie. Cela signifie qu’Andreas et Peggy ont pris le temps de lire notre profil, de voir le travail à faire chez eux et de réfléchir à notre venue. Lorsque nous arrivons, Andreas nous accueille et nous fait une visite guidée de leur terrain. Cela parait anodin mais il s'agit du meilleur accueil que nous ayons eu jusqu'à présent. On se sent pris en compte et considéré. Il nous explique que dans les travaux à effectuer, il faut récolter les olives et les mettre en bouteille, cueillir les figues de barbarie et en faire un chutney, collecter les coings et en faire une confiserie, nettoyer le matériel d'apiculture, planter de jeunes choux, semer des salades, finir le système d'irrigation et préparer plusieurs trous pour planter des arbres.

Nous sommes fiers, nous avons eu le temps de tout faire ce qui nous a permis d'apprendre énormément. Voici quelques découvertes que nous pouvons vous partager :
– Lorsque vous faites germer vos graines et que les jeunes pousses émergent, les limaces ne sont jamais loin pour profiter de votre travail. Il vous suffit de mettre vos plantes en hauteur sur une table et de couvrir cette table de couverture en laine. Les limaces et escargots ne s'y aventurent jamais.
– Pour embouteiller des olives, il y a une longue et difficile procédure pour avoir des olives comestibles l'année suivante. Ou alors, vous suivez la méthode d’Andreas. Il rince ses olives et les met dans une bouteille qu'il remplit ensuite d'une eau salée (4% de sel). Il scelle cette bouteille en y versant une couche d'huile d'olive qui fera office de barrière entre l'eau salée et l'oxygène contenue dans la bouteille. Un an plus tard, les olives sont délicieuses !
– Il n'est pas inutile de mouiller les aliments des poules avec un peu de vinaigre pour empêcher le développement de bactéries dans leur estomac.
– En cas d'infestation de puces chez les poules (et pas chez La Poule), tremper vos mains dans l'huile d'olive et passer les sous leurs ailes et sur leur croupion. L'huile d'olive va créer une fine couche liquide sur la peau des animaux dans laquelle les puces vont se noyer. Attention, Andreas a essayé avec d'autres huiles mais les meilleurs résultats sont obtenus avec l'huile d'olive. D'ailleurs, si vous souhaitez prévenir les problèmes liés aux puces, il est utile de créer une sorte de petite piscine qui n'est pas remplie d'eau mais de poussière de marbre, ou de sable, ou de terre de diatomée. Les poules iront s'y frotter et les petites particules créeront des entailles dans les puces qui mourront de leurs blessures. Il s’agit donc dune méthode mécanique et non chimique.
– La vaisselle peut être faite en deux étapes. La première étape est de frotter chaque plat et assiette avec du son de blé. Le son va absorber les derniers nutriments et l’excédent d'huile. Cela facilite la vaisselle à l'eau et diminue l'utilisation de savon. Cela permet aussi de déverser des eaux grises moins sales. Le son peut ensuite être mélangé à de l'eau pour créer une pappe bien nourrissante pour les poules. Andreas et Peggy vont jusqu'à bouillir des pois chiches, les écraser et les mélanger au son de la vaisselle de la veille tous les matins pour le bonheur de leurs poules.

Une autre grande découverte de notre séjour chez eux est l'apiculture. Nous avons eu la chance d'ouvrir les ruches, de récolter du miel et d'en apprendre plus sur cette pratique. Nous avons d'ailleurs nettoyé tout le matériel tout en écoutant un podcast intitulé « Beekeeping for newbees ». Andreas nous a aussi parlé de la méthode Perone. Il s'agit d'un Argentin qui a développé une méthode de permapiculture où l'intimité des abeilles est respectée tout en permettant aux humains de profiter de leur miel. En tout cas ça y est, on veut des abeilles !

C'est un plaisir de vivre avec Peggy qui s'assure de notre bien-être physique et mental et avec Andreas qui a une passion pour expliquer son travail. Dans leur profil ils disent que « le savoir c'est comme du composte, inutile si ce n'est pas dispersé ». Et bien ils s'y sont bien tenus à leur citation ! Ils aiment bien expliquer leur approche parentale avec Dimitra, leurs choix de vie, leur quotidien. Pour des personnes qui vivent de leur production, ils ont un quotidien relativement détendu et porte une attention particulière à leur santé. Ils ont la philosophie de cultiver ce qui pousse en abondance. Par exemple, ils aiment les tomates mais ils ont vite réalisé que cela leur demande beaucoup de travail. Ils ont donc décidé que mettre de côté cette pratique et de s'attarder davantage sur les salades et les choux qui poussent sans effort. Cela nous donne matière à réflexion. Une autre de leur philosophie est de réfléchir à son travail et planifier un projet tout en créant déjà spontanément. Par exemple, pendant qu'Andreas réfléchissait à l'emplacement des poules, du potager ou de la caravane, il a déjà semé plusieurs graines au hasard et planté quelques arbres. Son idée est que cela fait toujours du bien au corps d'être dans l'action et pas seulement dans la réflexion. Ensuite, il a reçu tout ce qui a poussé de cette spontanéité comme une agréable surprise. Andreas et Peggy aiment cultiver sans attente. L'attente peut créer une énergie négative en cas de retard ou d'annulation. Mais sans attente et sans pression, il n'y aura que l'énergie positive de découvrir un trésor.

Nous avons bénéficié d'une relation assez saine avec eux. Vu que c'est l'hiver, il y a moins de travail et les repas se font surtout à l'intérieur. Ils vivent dans une caravane incrustée dans une petite maison en bois qu'ils ont construite. Il n'y a donc pas énormément de place. Pour remédier à cet inconfort, ils proposent un accueil spécifique en hiver où les volontaires doivent venir avec leur van ou camping-car et où les repas seront pris séparément, sauf exception. Au début, nous trouvons cela bizarre vu que normalement, en échange de notre travail, nous recevons à manger. Finalement, cette modalité nous a permis de respecter le rythme de chacun. Ils ont pu garder des moments d’intimité en famille et nous avons pu aménager notre temps comme nous le souhaitions. En échange de notre travail, nous avons reçu une abondance de choux et de salades et un litre de leur huile d'olive de l'année précédente. Mais quand nous y repensons, en échange de notre travail, nous avons surtout reçu une superbe expérience et beaucoup de connaissances.

Ce projet nous a gonflé à bloc pour notre propre futur, mais aussi pour notre envie de découvrir de nouveaux projets. Nous partons fin novembre tellement heureux de ce qui a été appris et partagé, le cÅ“ur léger sans s’attrister sur cette expérience qui prend fin. Sans tarder, nous prenons contact avec Athena (si si, elle est grecque et vit pas loin d’Athènes) et Giorgos qui vivent près du canal de Corinthe. Nous convenons de notre venue à peine une semaine après nos adieux avec Andreas, Peggy et Dimitra. Malheureusement, l'accueil reçu dans ce nouveau projet est loin de ce que nous venons d'expérimenter. Nous nous y sentons un peu perdus et peu considérés. Ce n'était évidemment pas l'intention d'Athena et Giorgos, mais nous comprenons que nos approches et mentalités ne sont pas alignées. Il est difficile de se projeter chez eux pour deux semaines. On se sent un peu mal à l'aise. Finalement, Jasper se lance et partage ses sentiments à Athena qui fait preuve d'une admirable écoute et de beaucoup de compréhension. Vu que cet espace d'échange et de réflexion s'ouvre, nous réfléchissons aux raisons de nos réactions. Jasper voit en Giorgos un professeur qui cherche à donner cours sans être ouvert à la discussion. Pauline se sent anormalement négative et impatiente. Nous ne sentons pas l'énergie de s'adapter à un nouvel endroit, surtout si opposé à nous. Nous comprenons que nous commençons à vouloir se rapprocher de notre endroit. Nous sentons le désir de rêver, écrire, penser, formuler notre propre projet. Cet été, l'idée d'un petit bout de terrain à la montagne en Italie près de nos amis et d'une partie de notre famille a germé dans notre tête. Nous rêvons de comment sera notre maison, où sera notre potager, quels seront nos animaux. Mais nos voisins, nous les avons déjà choisis.

Alors ça y est, après huit mois de voyage, la prochaine étape de notre vie commence doucement à se dessiner. Qu'est-ce que c'est excitant ! On veut s'en rapprocher. Sans plus tarder, nous faisons nos adieux à Athena et Giorgos et nous réservons notre ferry pour retourner en Italie. Après un dernier adieu aux montagnes grecques qui avaient encore deux magnifiques journées à nos offrir, nous prenons le ferry le 13 décembre. Nous retenons que la Grèce est un pays magnifique, accueillant et diversifié. Vous voulez aller à la mer ? La Grèce a de superbes plages. Vous voulez faire du trekking en montagne ? Il y a l'embarras du choix et l'avantage de pouvoir prendre de l'altitude même en hiver. Le sentiment principal qui se dégage de ces deux mois, c'est la surprise. La Grèce a énormément à offrir et nous nous sommes émerveillés à chaque tournant. Un de nos petits plaisirs que nous ne sommes pas près d’oublier, c’est de se balader en Péloponnèse et de cuire dans agrumes directement aux arbres. Le gout des oranges et des mandarines qui ont eu le temps de murir sur l’arbre au soleil, c’est une tuerie !

Après un peu plus de deux mois en Grèce, nous sommes arrivés à Bari ce matin. L'hiver est encore présent, surtout dans le nord. Et même si le soleil brille sur nos photos, nous aussi, nous avons parfois du mauvais temps. Il est plus sûr d'attendre que les températures s'adoucissent avant de faire notre remontée. Cela ne fait rien, la Sicile n'est pas loin et va nous héberger en attendant le retour du printemps.

Ce post est rédigé le 14/12/23 par Pauline dans le camping-car pendant que Jasper regarde des trucs sur son ordinateur. Il pleut dehors. Visiblement je n'écris vraiment que quand il pleut...

Entre sommets et vallées

Bonjour à tous,

Notre dernier post se clôturait au bord d'un petit lac artificiel où nous avons passé notre première nuit en Grèce. De là, nous nous dirigeons vers les gorges de Vikos et les villages du Zagori. Il s'agit d’un des canyons les plus profonds au monde. Il ne faut pas avoir le vertige avec les points de vue surplombent 400 voire 500 mètres de vide. Parmi les paysages qui nous ont été donnés de voir, les gorges de Vikos sont dans notre top trois. Nous profitons de la région pour faire plusieurs randonnées. Les vues sous tous les angles sont bonnes à prendre. Les petits villages sont remplis de charme. Cependant, la région est connue pour ses ours. Pauline a un peu la frousse... Elle demande conseil à sa sÅ“ur Hélène qui habite au nord des États Unis. Elle lui conseille de faire du bruit, et tout se passera bien. Jasper aurait sûrement préféré qu'on ne dise rien... Pauline a passé le reste du séjour à chanter n'importe quelles chansons d'enfance ou à crier « I'm not a big chicken » à intervalle régulier.

Après les gorges, nous prenons la direction du parc national de Tzoumerka où nous faisons d'autres belles randonnées. Cette région est superbe pour ses temples gravés dans la roche, ses montagnes et ses cascades. Jasper en profite pour faire une grande randonnée en solitaire où il marche 25 kilomètres d'un sommet à l'autre, sur le fil des crêtes, en admirant les paysages et le jeu des nuages. Heureusement, aucun ours n'était dans le coin... Après, nous nous arrêtons chez Napoléon qui possède un des plus vieux ‘kafeneion’, un traditionnel salon de café grec. C'est la cinquième génération qui se passe le commerce de père en fils. L'atmosphère y est chaleureuse et accueillante. Du parc national de Tzoumerka nous passons à la région d'Aspropotamos, qui est aussi composée de superbes chaînes de montagnes. Malheureusement, la région a été frappée par de grosses inondations en septembre. Les rivières ont ravagé les routes dans la vallée et nous avons aussi constatés énormément de glissements de terrain. C'est un spectacle impressionnant et désolant.

Nous finissons par sortir de ces montagnes et tombons directement sur les fameuses Météores. Sacrée attraction touristique ! C'est en effet magnifique et surprenant, mais rempli de touristes arrivant autocar après autocar. Nous y passons la journée et fuyons directement la foule. Il faut croire qu'après sept mois sur les routes, nous sommes devenus des ermites. Après ces quelques semaines de voyage, l'envie de rencontrer de nouvelles personnes se fait sentir. Nous nous connectons au site Workaway, où nous avions déjà trouvé le projet sous les oliviers avec Elisa et Claudio. Nous voyons un jeune couple de Belges qui ont l'air d'avoir besoin d'un coup de main. En route pour le Golfe Pagasétique !

Malheureusement, nous ne les rencontrerons jamais. Nous n'avions pas réalisé que les inondations de septembre ont aussi fait d'importants dégâts dans toute cette zone. L'eau est venue des hauteurs bordant le Golfe pour s'y déverser, ravageant toutes les villes et petits villages sur son passage et créant des sillons sur les montagnes. En plus, l'eau du Golfe est devenue polluée et les plages sont jonchées de déchets. Les habitants sont désolés. La situation politique et économique du pays ne rassure pas les Grecs quant à l'aide qui sera apportée. Néanmoins, nous avons témoigné de beaucoup d'entraide locale. C'est aussi une région touristique où des étrangers achètent des maisons comme résidence secondaire. Nous avons rencontré un autrichien, Andreas, affligé par la situation de son village. Il s'est alors chargé de collecter des fonds dans son pays. Une spécificité à connaître des personnes nées en Grèce est qu'elles sont toujours prêtes à aider, mais elles acceptent difficilement une aide étrangère. Il y a une certaine honte à accepter l'aide d'un touriste. Il s'agit ici d'une généralisation mais nous avons constaté cela à plusieurs reprises, et des Grecs nous ont confirmé cette croyance. L'aide de cet Autrichien a donc d'abord été refusée. Il a fallu qu’Andreas passe par le prêtre du village pour qu'il gère la distribution des sous avec les habitants. Nous avons reçu toutes ces informations lors d'une soirée gracieusement offerte passée au restaurant avec Andreas. Merci Andreas ! Voilà une nouvelle belle rencontre !

Dans tout ce foutoir où les routes sont boueuses et/ou effondrées, les maisons tombent dans l'eau et les voitures sont dans la mer, Gary fait un drôle de bruit... Merde... Nous nous dirigeons vers le garage le plus proche. On dirait que c'est un problème de transmission. Ils nous demandent de revenir le lendemain pour avoir plus de place pour installer le camping-car. Nous contactons déjà Touring Assurance sachant qu'ils mettent toujours très longtemps à réagir... Nous retournons au garage dès le matin mais coupure d'électricité, nous devons revenir le lendemain. Argh ! Finalement, ils prennent le temps de se mettre sous le camping-car et de démonter notre transmission. Le verdict tombe, il faut changer le roulement. Mais on ne vient pas justement de changer le roulement quand on était à Agen ?! Bah si... Mais faut le refaire. Ils nous demandent de garder le camping-car pour quelques jours, le temps de commander la pièce et de remonter tout ça.

Nous préparons nos vélos et nos sacs à dos pour se rendre dans le petit village le plus proche et trouver un hôtel. Touring nous assure qu'ils nous rembourseront tout mais qu'il est préférable que nous nous chargions nous-même de trouver un endroit où loger. Grave erreur... Qui va trouver un hôtel ou B&B dans une région ravagée par les inondations ?! On se rend au café du village pour parler avec les gens et trouver une solution. Bah non, ça aussi c'est fermé et inondé ! Le stress s'installe... Nous trouvons finalement une crêperie tenue par Marie-France, installée en Grèce depuis 40 ans. Elle connaît tous les voisins et nous trouve une chambre. Une autre spécificité du pays à connaître, c'est que les paiements en black règnent. Nous trouvons donc une chambre en catastrophe mais le propriétaire refuse de nous faire une facture. Ça craint pour l'assurance qui nous confirme que sans facture, pas de remboursement ! Nous y passons une nuit et le lendemain nous roulons à vélo un peu plus loin et tombons sur des appartements à louer en bord de mer tenus par Lia. Nous y passons cinq superbes nuits. La vue est incroyable, il y a même un bain !!! Ça rassemble à des vacances, non ? Lia nous appelle depuis la terrasse pour attirer notre attention sur un groupe de dauphins au loin dans le Golfe. C'est magique.

Je vous passe l'histoire de la voiture de remplacement que nous avons dû aller chercher à Volos (une heure de route) avec la voiture de Lia qui nous l'a simplement prêté. Quand je vous disais que les Grecs sont toujours prêts à aider. Oui, la propriétaire de l’hôtel nous a prêté sa voiture pour faire en tout deux heures de route sans nous demander rien en échange, pas même des sous. Lorsque nous avons quitté son établissement, elle nous a pris dans ses bras et nous a dit que c'était un privilège de nous avoir rencontré. Nous avons l'impression que c'était surtout l'inverse... Comme quoi, un malheur nous a apporté beaucoup de bonheur et de belles rencontres. Bon, et du stress aussi... Une semaine après le début de ce bruit suspect, nous reprenons la route avec notre Gary et on décide de prendre le large. Il y a un projet près de Patras. Un couple de Grecs, Andreas et Peggy, vivent en autonomie avec leur fille Dimitra dans une caravane sur leur terrain où ils ont un potager, des poules et plein d'arbres. Ça nous parle vachement ! Et par chance, ils ont accepté notre venue.

En chemin vers Patras, nous découvrons les Hot Springs de Thermopylae. C’est une source d’eau chaude qui sort de la montagne a une température avoisinant les 40 degrés. L’endroit est réputé pour avoir hébergé la bataille entre les Spartiates et les Perses. Pour ceux qui ont vu le film 300, nous avons pris un bon bain chaud, quoique malodorant, à l’endroit même ou cette bataille historique a eu lieu. De cet endroit relaxant, nous montons un peu plus haut dans les montagnes pour faire une balade dans le parc Pavliani. Il y a une randonnée à faire avec des enfants remplie de jeux, de balançoires et de beaux points de vue. Nous n’avons pas d’enfants mais nous avons Pauline ! Avec un bain et une pleine de jeux, elle a cru que c’était son anniversaire. Mais trêve de plaisanterie, une superbe expérience nous attend a Patras. « Pauline descend de cette balançoire, il est temps de reprendre la route ! »

Ce post est rédigé le 14/12/23 par Pauline dans le camping-car. La suite directe de nos aventures est à lire dans le post suivant. Suspens !