L'Albanie
Bonjour à tous,Nous avons quitté l'Italie le 6 octobre 2023 à 23h, depuis Brindisi. Après avoir chargé Gary dans le ferry, nous avons essayé de fermer les yeux quelques heures, allongés par terre sur la moquette, au pied des sièges. Oui, pour encourager les gens à payer pour une cabine, il y a des accoudoirs partout ... Finalement, le 7 octobre au petit matin, avec les premiers rayons du soleil, nous apercevons Vlorë. La beauté de cette ville n'entre pas en compétition avec celle des petits villages italiens du bord de mer, mais avec l'ombre des montagnes bordant la ville dans la douceur des lumières matinales, l'accueil de cette terre est au rendez-vous. Notre première journée est remplie de corvées. Nous devons changer nos Euros en LEK, trouver une carte SIM, faire la lessive, faire les courses et enfin, rouler vers le bord de mer. Après une journée bien remplie, nous avons le plaisir d'arriver sur une plage dédiée aux campings-cars et vans. Rien d'officiel, mais il s'agit d'un point de rendez-vous pour tous les amoureux du voyage. Toutes ces personnes forment une petite communauté de nomades, majoritairement allemands évidemment. On s'y sent tellement bien que nous décidons d'y rester 2 nuits. Entre les chèvres du soir qui viennent interrompre notre repas pour manger ce qu'elles trouvent sur la table et les vaches du matin accompagnées par un berger qui leur hurle dessus, réveillant tous les touristes, nous profitons de la mer et du coucher de soleil 2 jours d'affilé.
Deux jours, c'est bien assez pour Jasper qui décide de secouer Pauline. Il nous rappelle que nous sommes des aventuriers, des randonneurs, des amoureux de la montagne. Il est grand temps de partir vers le nord de l'Albanie pour se rendre dans le petit village de Theth. Sur le chemin, nous visitons Krujë. C'est un petit village touristique dont la vraie attraction est le Bazaar. Les petites ruelles sont remplies d'échoppes de vêtements, d'instruments de musique, de jouets, d'objets artisanales en bois, de ... bazar. Pauline tombe évidemment dans le panneau et s'achète une très belle blouse albanaise.
Nous continuons rapidement notre route vers Theth, sachant que les montagnes ne sont pas loin. Et nous ne sommes pas déçus. Après une longue route sinueuse pour monter et descendre la montagne, Theth est à portée de vue. Cet ancien village, maintenant ville par la force du tourisme, est logé au creux de la vallée. Le soleil ne rayonne sur les maisons que quelques heures par jour, mais le jeu de lumière sur les montagnes est fascinant. Les premières couleurs de l'automne sont là , avoisinant avec le vert du printemps et de l'été. Le mélange est magnifique. Nous partons pour une randonnée de deux jours jusqu'à Valbonë où nous dormons dans une Guest House. Sur le chemin du retour, nous retrouvons les deux petits chiots des propriétaires de la Guest House. Ils nous accompagnent sur quelques kilomètres. Nous les recroisons plusieurs fois durant notre balade. Il faut savoir que l'Albanie est connue pour ses chiens errants. Il y a des chiens partout dans les rues, sur les plages, et même dans les montagnes. Il est commun d'avoir un chien qui nous suit pour quelques kilomètres. Nous ne nous sommes donc pas alertés de voir ces deux petits chiots de sept mois nous suivre. Ils ont l'habitude de demander à manger aux touristes. Ce que nous ne savions pas, c'est qu'il est aussi commun que des chiens suivent des touristes trop loin et ne reviennent pas à leur domicile. Le soir tombe et nous sommes de retour dans Gary quand nous recevons un message des propriétaires de la Guest House nous demandant si nous savons où sont leurs chiots. Merde... Le mot est faible... Serait-il possible que ces deux petits chiens aient continué à suivre les touristes sur le sentier jusqu'à Theth, espérant de la nourriture ? Nous partons pour une balade dans la ville en espérant les apercevoir. Le soir tombe et nous perdons espoir quand nous entendons un homme crier. Pauline regarde par-dessus la clôture et voit ces deux chiens chassés par un vieux monsieur. Nous les appelons et ils courent miraculeusement vers nous. Nous essayons de les ramener au camping-car, sans laisse ou corde pour les garder avec nous. Arrivés à Gary, ils reçoivent de l'eau et des galettes de riz. Complètement exténués, ils mangent, boivent et se roulent directement en petit boule sous la table pour dormir l'un contre l'autre. Nous ne les avons pas entendus pendant plus de douze heures. C'est vrai qu'une randonnée de quinze kilomètres en montagne avec un dénivelé de plus de 1000 mètres, c'est beaucoup pour ces deux chouchous. Nous contactons la Guest House qui n'en revient pas mais n'ont pas de solution pour les ramener chez eux. Nous avons deux possibilités : ramener les chiots à pied mais donc repartir pour deux jours de randonnée alors que la pluie arrive, ou les conduire jusqu'à Shköder chez la sÅ“ur de la propriétaire. Nous prenons la deuxième option, même si cela nous mène à raccourcir notre séjour à Theth. Nous avons donc raté The Blue Eye et la cascade Grunas. Ce sera une bonne raison pour revenir ! Le lendemain matin, nous restons au lit plus longtemps que d'habitude, attendant que « Boome » et « Rang » se réveillent (Pauline les a baptisés comme ça puisqu'on passe notre temps à les croiser) pour partir vers Shköder. Nous les sortons pour prendre l'air avant les trois heures de voiture. Mais quelle histoire pour les refaire rentrer à l'avant de Gary ! Nous partons une heure plus tard que prévu, quand ils sont bien installés aux pieds de Pauline sur un essuie de bain. La serviette était une bonne idée, Rang passe tout son trajet à vomir. C'était visiblement la première fois qu'ils prenaient la voiture... Quelle chance... Avec les mouvements du camping-car en pleine montagne et l'odeur de vomi, Pauline commence à être verte. Le trajet parait beaucoup plus long mais nous arrivons finalement dans une petite ferme où les deux chiots sont bien accueillis. Ils restent malgré tout dans nos jambes, peur de la prochaine aventure qui s'ouvre à eux. Il semble qu'après tout ça, ils nous aient finalement adoptés. Mais ces deux mignonneries appartiennent déjà à quelqu'un. Nous disons donc au revoir et repartons pour la suite du voyage...
Notre prochaine étape est le lac Koman. C'est un endroit réputé pour des paysages faisant penser aux fjords norvégiens. Les pays nordiques étant un des rêves de Pauline, nous ne pouvions pas passer à côté. Cette longue étendue d'eau porte le nom de lac à cause des barrages hydroélectriques qui l'entourent. Le tourisme y est très présent, mais le pays n'a pourtant pas encore adapté son organisation. C'est pour ça aussi qu'on aime l'Albanie. C'est un pays plus libre, spontané, où les règles et les lois se ressentent moins. Cela ne rime pas avec moins de sécurité, la police est présente partout. Mais le camping est plus libre, le parking est aussi clairement plus libre (les Albanais ne manquent pas de créativité pour trouver une place de parking). Malheureusement, cela rime avec plus de pollution. Les gens ont encore l'habitude de brûler leurs déchets, ou de les jeter dans la nature. Bref, en parlant de spontanéité, nous voilà au bord du lac pour passer la nuit et un jeune local arrive pour partir à bord de son petit bateau poser ses filets de pêche. Il nous explique que c'est une nouvelle lune cette nuit, l'obscurité sera plus intense et la pèche sera meilleure. Il propose à Jasper de se joindre à lui, une femme ça ne pèche pas apparemment. Mais ce monsieur promet de le ramener en un morceau dans une heure. Jasper a donc la joie de faire une balade nocturne et privée sur le lac. Il profite du coucher de soleil et des dernières lumières sur les montagnes aux alentours. La nuit tombe, il fait en effet très noir, et aucun signe des deux garçons. Cela fait maintenant une heure et demi qu'ils sont partis et Pauline hyperventile. Quelle idée de faire confiance à un inconnu ! Mais pas de panique, le moteur du bateau se fait entendre et quelques minutes plus tard, Jasper arrive avec un énorme sourire. Voilà une expérience qu'il n'est pas près d'oublier.
Le lendemain, nous partons pour une balade en ferry de 40 minutes et puis deux heures de kayak sur le lac. Jasper est un peu blasé après ce qu'il a expérimenté la veille, mais la vue est magnifique. L'eau est fraîche. Nous remontons la rivière Shala, un des bras du lac, avec notre kayak. L'eau est de moins en moins profonde mais de plus en plus limpide. C'est en effet un endroit magnifique qui fait penser aux fjords du nord.
Malheureusement, la pluie arrive pour plusieurs jours et il est temps de se diriger vers le sud. Nous avions l'idée de nous aventurer jusqu'au Monténégro mais il est préférable d'éviter le mauvais temps et les températures basses. La Grèce sera donc notre prochaine aventure. Sur la route vers le sud, nous nous arrêtons au lac Bovilla, près de Tirana. Cela n'a pas encore été mentionné, mais l'état des routes en Albanie est assez mauvais. Il est fréquent de passer d'une belle nouvelle route à de la terre battue, ou une veille route trouée en asphalte et ou à des gravillons. La route pour le lac Koman est un super exemple ! Mais le chemin du lac Bovilla gagne la médaille d'or. Après plusieurs kilomètres de piste, une belle route s'offre à nous. Évidemment, comme partout ailleurs, cette belle route s'arrête abruptement pour laisser place à un chemin de terre et de graviers. Les derniers kilomètres sont tellement raide que Gary se retrouve bloqué en pleine montée. Pas moyen d'avoir assez de puissance et de grippe avec les roues arrières pour reprendre la route. Grosses sueurs froides... Il y a des voitures garées partout vu qu'il s'agit d'une attraction touristique donc difficile de faire demi-tour. Finalement, en passant à quelques centimètres d'une belle Mercedes, Jasper fait demi-tour pour se garer plus loin. Ce n’est pas grave, après tout on peut bien marcher ! Le lac est magnifique et il semble que les Albanais aient l'habitude de venir s'y rejoindre pour faire des barbecues ou passer un dimanche en famille.
Nous reprenons notre chemin vers la Grèce en jetant un coup d’Å“il au château de Gjirokastër et surtout à la belle Zekate House. La pluie nous rattrape lorsque nous passons la frontière. Nous nous arrêtons au bord d'un petit lac artificiel qui fait office d'étang de pêche. C'est à cet endroit que je vous écris.
Ce post est rédigé le 17/10/23 par Pauline dans le camping-car pendant que Jasper se lave dehors tout nu sous la pluie.
Merci Pauline et Jasper pour ce récit généreux et enthousiaste. Quel plaisir pour nous de partager votre aventure et vos belles rencontres. Anne
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