D'un projet à l'autre
Bonjour à tous,Après un chapitre stressant, même si très surprenant, et souvent désolant, s'ouvre un nouveau chapitre rempli de tendresse et de bonheur. Nous passons presque trois semaines chez Andreas, Peggy et Dimitra. Par où commencer... Premièrement, nous avons le plaisir d'avoir une rencontre planifiée et réfléchie. Cela signifie qu’Andreas et Peggy ont pris le temps de lire notre profil, de voir le travail à faire chez eux et de réfléchir à notre venue. Lorsque nous arrivons, Andreas nous accueille et nous fait une visite guidée de leur terrain. Cela parait anodin mais il s'agit du meilleur accueil que nous ayons eu jusqu'à présent. On se sent pris en compte et considéré. Il nous explique que dans les travaux à effectuer, il faut récolter les olives et les mettre en bouteille, cueillir les figues de barbarie et en faire un chutney, collecter les coings et en faire une confiserie, nettoyer le matériel d'apiculture, planter de jeunes choux, semer des salades, finir le système d'irrigation et préparer plusieurs trous pour planter des arbres.
Nous sommes fiers, nous avons eu le temps de tout faire ce qui nous a permis d'apprendre énormément. Voici quelques découvertes que nous pouvons vous partager :
– Lorsque vous faites germer vos graines et que les jeunes pousses émergent, les limaces ne sont jamais loin pour profiter de votre travail. Il vous suffit de mettre vos plantes en hauteur sur une table et de couvrir cette table de couverture en laine. Les limaces et escargots ne s'y aventurent jamais.
– Pour embouteiller des olives, il y a une longue et difficile procédure pour avoir des olives comestibles l'année suivante. Ou alors, vous suivez la méthode d’Andreas. Il rince ses olives et les met dans une bouteille qu'il remplit ensuite d'une eau salée (4% de sel). Il scelle cette bouteille en y versant une couche d'huile d'olive qui fera office de barrière entre l'eau salée et l'oxygène contenue dans la bouteille. Un an plus tard, les olives sont délicieuses !
– Il n'est pas inutile de mouiller les aliments des poules avec un peu de vinaigre pour empêcher le développement de bactéries dans leur estomac.
– En cas d'infestation de puces chez les poules (et pas chez La Poule), tremper vos mains dans l'huile d'olive et passer les sous leurs ailes et sur leur croupion. L'huile d'olive va créer une fine couche liquide sur la peau des animaux dans laquelle les puces vont se noyer. Attention, Andreas a essayé avec d'autres huiles mais les meilleurs résultats sont obtenus avec l'huile d'olive. D'ailleurs, si vous souhaitez prévenir les problèmes liés aux puces, il est utile de créer une sorte de petite piscine qui n'est pas remplie d'eau mais de poussière de marbre, ou de sable, ou de terre de diatomée. Les poules iront s'y frotter et les petites particules créeront des entailles dans les puces qui mourront de leurs blessures. Il s’agit donc dune méthode mécanique et non chimique.
– La vaisselle peut être faite en deux étapes. La première étape est de frotter chaque plat et assiette avec du son de blé. Le son va absorber les derniers nutriments et l’excédent d'huile. Cela facilite la vaisselle à l'eau et diminue l'utilisation de savon. Cela permet aussi de déverser des eaux grises moins sales. Le son peut ensuite être mélangé à de l'eau pour créer une pappe bien nourrissante pour les poules. Andreas et Peggy vont jusqu'à bouillir des pois chiches, les écraser et les mélanger au son de la vaisselle de la veille tous les matins pour le bonheur de leurs poules.
Une autre grande découverte de notre séjour chez eux est l'apiculture. Nous avons eu la chance d'ouvrir les ruches, de récolter du miel et d'en apprendre plus sur cette pratique. Nous avons d'ailleurs nettoyé tout le matériel tout en écoutant un podcast intitulé « Beekeeping for newbees ». Andreas nous a aussi parlé de la méthode Perone. Il s'agit d'un Argentin qui a développé une méthode de permapiculture où l'intimité des abeilles est respectée tout en permettant aux humains de profiter de leur miel. En tout cas ça y est, on veut des abeilles !
C'est un plaisir de vivre avec Peggy qui s'assure de notre bien-être physique et mental et avec Andreas qui a une passion pour expliquer son travail. Dans leur profil ils disent que « le savoir c'est comme du composte, inutile si ce n'est pas dispersé ». Et bien ils s'y sont bien tenus à leur citation ! Ils aiment bien expliquer leur approche parentale avec Dimitra, leurs choix de vie, leur quotidien. Pour des personnes qui vivent de leur production, ils ont un quotidien relativement détendu et porte une attention particulière à leur santé. Ils ont la philosophie de cultiver ce qui pousse en abondance. Par exemple, ils aiment les tomates mais ils ont vite réalisé que cela leur demande beaucoup de travail. Ils ont donc décidé que mettre de côté cette pratique et de s'attarder davantage sur les salades et les choux qui poussent sans effort. Cela nous donne matière à réflexion. Une autre de leur philosophie est de réfléchir à son travail et planifier un projet tout en créant déjà spontanément. Par exemple, pendant qu'Andreas réfléchissait à l'emplacement des poules, du potager ou de la caravane, il a déjà semé plusieurs graines au hasard et planté quelques arbres. Son idée est que cela fait toujours du bien au corps d'être dans l'action et pas seulement dans la réflexion. Ensuite, il a reçu tout ce qui a poussé de cette spontanéité comme une agréable surprise. Andreas et Peggy aiment cultiver sans attente. L'attente peut créer une énergie négative en cas de retard ou d'annulation. Mais sans attente et sans pression, il n'y aura que l'énergie positive de découvrir un trésor.
Nous avons bénéficié d'une relation assez saine avec eux. Vu que c'est l'hiver, il y a moins de travail et les repas se font surtout à l'intérieur. Ils vivent dans une caravane incrustée dans une petite maison en bois qu'ils ont construite. Il n'y a donc pas énormément de place. Pour remédier à cet inconfort, ils proposent un accueil spécifique en hiver où les volontaires doivent venir avec leur van ou camping-car et où les repas seront pris séparément, sauf exception. Au début, nous trouvons cela bizarre vu que normalement, en échange de notre travail, nous recevons à manger. Finalement, cette modalité nous a permis de respecter le rythme de chacun. Ils ont pu garder des moments d’intimité en famille et nous avons pu aménager notre temps comme nous le souhaitions. En échange de notre travail, nous avons reçu une abondance de choux et de salades et un litre de leur huile d'olive de l'année précédente. Mais quand nous y repensons, en échange de notre travail, nous avons surtout reçu une superbe expérience et beaucoup de connaissances.
Ce projet nous a gonflé à bloc pour notre propre futur, mais aussi pour notre envie de découvrir de nouveaux projets. Nous partons fin novembre tellement heureux de ce qui a été appris et partagé, le cœur léger sans s’attrister sur cette expérience qui prend fin. Sans tarder, nous prenons contact avec Athena (si si, elle est grecque et vit pas loin d’Athènes) et Giorgos qui vivent près du canal de Corinthe. Nous convenons de notre venue à peine une semaine après nos adieux avec Andreas, Peggy et Dimitra. Malheureusement, l'accueil reçu dans ce nouveau projet est loin de ce que nous venons d'expérimenter. Nous nous y sentons un peu perdus et peu considérés. Ce n'était évidemment pas l'intention d'Athena et Giorgos, mais nous comprenons que nos approches et mentalités ne sont pas alignées. Il est difficile de se projeter chez eux pour deux semaines. On se sent un peu mal à l'aise. Finalement, Jasper se lance et partage ses sentiments à Athena qui fait preuve d'une admirable écoute et de beaucoup de compréhension. Vu que cet espace d'échange et de réflexion s'ouvre, nous réfléchissons aux raisons de nos réactions. Jasper voit en Giorgos un professeur qui cherche à donner cours sans être ouvert à la discussion. Pauline se sent anormalement négative et impatiente. Nous ne sentons pas l'énergie de s'adapter à un nouvel endroit, surtout si opposé à nous. Nous comprenons que nous commençons à vouloir se rapprocher de notre endroit. Nous sentons le désir de rêver, écrire, penser, formuler notre propre projet. Cet été, l'idée d'un petit bout de terrain à la montagne en Italie près de nos amis et d'une partie de notre famille a germé dans notre tête. Nous rêvons de comment sera notre maison, où sera notre potager, quels seront nos animaux. Mais nos voisins, nous les avons déjà choisis.
Alors ça y est, après huit mois de voyage, la prochaine étape de notre vie commence doucement à se dessiner. Qu'est-ce que c'est excitant ! On veut s'en rapprocher. Sans plus tarder, nous faisons nos adieux à Athena et Giorgos et nous réservons notre ferry pour retourner en Italie. Après un dernier adieu aux montagnes grecques qui avaient encore deux magnifiques journées à nos offrir, nous prenons le ferry le 13 décembre. Nous retenons que la Grèce est un pays magnifique, accueillant et diversifié. Vous voulez aller à la mer ? La Grèce a de superbes plages. Vous voulez faire du trekking en montagne ? Il y a l'embarras du choix et l'avantage de pouvoir prendre de l'altitude même en hiver. Le sentiment principal qui se dégage de ces deux mois, c'est la surprise. La Grèce a énormément à offrir et nous nous sommes émerveillés à chaque tournant. Un de nos petits plaisirs que nous ne sommes pas près d’oublier, c’est de se balader en Péloponnèse et de cuire dans agrumes directement aux arbres. Le gout des oranges et des mandarines qui ont eu le temps de murir sur l’arbre au soleil, c’est une tuerie !
Après un peu plus de deux mois en Grèce, nous sommes arrivés à Bari ce matin. L'hiver est encore présent, surtout dans le nord. Et même si le soleil brille sur nos photos, nous aussi, nous avons parfois du mauvais temps. Il est plus sûr d'attendre que les températures s'adoucissent avant de faire notre remontée. Cela ne fait rien, la Sicile n'est pas loin et va nous héberger en attendant le retour du printemps.
Ce post est rédigé le 14/12/23 par Pauline dans le camping-car pendant que Jasper regarde des trucs sur son ordinateur. Il pleut dehors. Visiblement je n'écris vraiment que quand il pleut...
C'est trop chouette de vous lire! Super plume La Poule sans puce ;) (Antoine)
ReplyDelete