À l'ombre de l'Etna

February 11, 2024

Bonjour à tous,

Après notre arrivée à Bari, nous hésitons à descendre visiter les Pouilles. Nous avions passé rapidement cette région en chemin vers l'Albanie mais nous pourrions y prendre notre temps cette fois-ci. Nous descendons donc vers Alberobello pour voir les fameux Trulli, des petites huttes en pierre traditionnelles. Après une belle journée de visite, nous avons des difficultés à trouver un endroit pour la nuit où nous nous sentons en sécurité. Malheureusement, la région n'est pas vraiment camping-car friendly. Nous décidons donc de ne pas s’attarder. Ce n'est pas grave, l'Italie est grande et diversifiée. Il y a plein d'autres beaux endroits à voir. Jasper nous programme une dernière virée dans les montagnes avant que la météo ne se dégrade trop. Nous roulons vers le parc régional « di Gallipoli Cognato Piccole Dolomiti Lucane » (rien que ça) où nous faisons une superbe balade entre Pietrapertosa et Castelmezzano. Cela fait du bien de quitter l'air de la mer pour retrouver la fraîcheur des montagnes. Beaucoup de gens écriraient cette phrase à l'envers. Mais nous, c'est à la montagne que nous passons les plus beaux moments de notre voyage. Nous enchaînons sur le parc national « del Pollino » où nous dormons seuls à 1350m d'altitude au milieu des chevaux sauvages, avec un magnifique coucher de soleil. Le lendemain, nous nous réveillons avec les premiers rayons du soleil pour faire une grande balade... DANS LA NEIIIIIIIIGE !!! C'est un magnifique souvenir et un privilège avec notre vieux camping-car d'arriver à monter dans ces hauteurs. On en profite pour faire une tonne de photos et quelques vidéos de Pauline qui joue dans la neige. On a eu quelques frayeurs en redescendant tout ça vu qu'il y avait un peu de neige sur la route. Mais Gary est une vraie petite chèvre, il grimpe partout ! Bon, ce n'est pas tout ça mais je crois me souvenir qu'on devait se rendre en Sicile... Nous redescendons des montagnes pour prendre la route de Villa San Giovanni où notre ferry nous attend. En route, nous nous arrêtons à Pizzo pour déguster le célèbre Tartufo di Pizzo qui est en effet une tuerie. Une sorte de gâteau glacé avec du chocolat fondant dedans, une bombe. Nous visitons également Tropea, une ville perchée sur des falaises surplombant la mer. Et finalement, la dernière attraction avant la Sicile est la ville fantôme de Pentidattilo. C'est sur ce parking que nous passons notre réveillon de Noël tous les deux. Pour se rappeler nos familles et notre pays, nous cuisinons du vol-au-vent le 24 décembre et un bon Panettone le 25 au matin. C'est dur d'être loin lors d'une fête aussi familiale, mais on se réconforte en se disant qu'on se rattrapera l'année prochaine !

Le 27 décembre 2023 nous arrivons en Sicile, à Messine. Notre première observation c'est qu'au moins l'état des routes est meilleur qu'en Calabre ! Notre deuxième observation c'est que pour une petite île, il y a du monde. Et notre troisième observation c'est que merde, notre pompe à eau est en train de nous lâcher. C'est le moment de re re re re rechercher un garage ! Nous trouvons le même matin un spécialiste en camping-car qui nous remplace notre pompe en une heure. Ce problème technique est survenu à 9h du matin et à 11h c'était déjà résolu. A force d'avoir des problèmes avec Gary, on commence à être des as de la réparation. On se rend compte que nous avons une moyenne d'un problème technique par mois. Mais il faut croire que nous avons résolu le problème de la pompe à eau trop rapidement pour que ça compte vraiment parce que maintenant la caméra de recul ne fonctionne plus... Ce n'est pas grave, on inspire....... et on expire. La caméra est commandée sur internet sans plus tarder et tout se passe au mieux.

N'oublions pas que notre voyage est aussi à propos de rencontre et d'apprentissage. Même si la prochaine étape de notre vie se précise, notre voyage nous offre encore l'opportunité d'apprendre des choix d'autres personnes. Nous nous reconnectons au site Workaway pour trouver des projets en Sicile. Vu que nous voulons passer le reste de l’hiver ici, nous décidons de contacter trois différents endroits. Un endroit à propos de la construction d'une maison, un endroit à propos des ânes et un endroit sur la construction d'un mur en pierre et l’implantation d'une food forest. Ce sont chacun des projets qui résonnent avec les visions que nous avons de notre futur. Malheureusement, les jours passent et nous n'avons qu'une seule réponse. Il s'agit du projet dans le nord de l’île, près de San Vito Lo Capo, où Bea et Lino veulent continuer à construire des murs en pierre autour de leur terrain et planter une food forest. Nous avons un super chouette contact téléphonique avec eux et nous décidons de les rejoindre le 17 janvier. D'ici là, nous avons un peu plus de deux semaines pour visiter la Sicile. Notre première étape est de trouver un endroit où fêter le nouvel an. Jasper a la super idée de se garer en hauteur, près d'un monastère, pour observer les feux d'artifice. C'était la meilleure idée du monde. Mon dieu quel spectacle ! Nous avions une vue à 360 degrés sur la région et chaque petit village y a mis du sien pour nous offrir un show de 20 minutes où nous avons assisté à au moins un million de feux d'artifice. Nous pouvions même apercevoir ceux sur le continent ! Une magnifique entrée en matière pour l'année 2024. Une fois l'adrénaline redescendue, on se demande bien ce qu'on va faire pendant les deux prochaines semaines...

Eh bien, nous remettons nos casquettes de touristes et c'est parti pour un road trip entre culture et nourriture. Une amie nous a dit que nous allions prendre dix kilos en Sicile et nous n'avions pas tout de suite compris pourquoi. Mais oui, en effet, il y a moyen de prendre quelques tailles de pantalon ! Chaque ville, chaque village a une (ou plusieurs) spécialités culinaires à déguster. Il y a les fameux arancini, les cannoli, les différentes saveurs de gelato, les paninis, les granite, les brioches en tout genre, les panelle, le cassatelle, les tonnes de biscuits, le massepain, et j'en oublie plein. Je dirais que, globalement, le point commun c'est la ricotta. Tout est délicieux et tout est à petit prix. Alors, ne vous inquiétez pas, on a assez à manger.

D'un point de vue culture, nous avons eu la chance de visiter plusieurs sites, à commencer par le théâtre de Taormina. La ville est très belle, mais très touristique. Nous prenons le temps d’admirer la magnifique vue depuis le théâtre où, s'il n'y a pas de spectacle, c'est l'Etna qui fait le show. Depuis que nous avons visité la ville fantôme de Pentidattilo, nous avons toujours l'Etna dans notre champ de vision. Petit à petit, nous nous rapprochons du volcan. Sous chaque angle il donne une vue à couper le souffle. Tantôt il joue avec le coucher de soleil qui vient se cacher derrière son flan, tantôt il prend la vedette à n'importe quelle cantatrice qui viendrait se représenter à Taormina. L'Etna crache même des petits ronds de fumée parfaitement symétrique, comme si un vieux chef indien au sommet essayait de nous faire passer un message. C'est décidé, on va le monter ! C'est la première fois que Pauline grimpe sur un volcan en activité. Nous prenons le bus depuis Nicolosi qui nous dépose au refuge Giovanni Sapienza, à 1900 mètres d'altitude. Nous montons à pied jusqu'à « Piccolo Refugio » à 2500 mètres d'altitude où un bus nous conduit à 2900 mètres d'altitude pour suivre un guide le long des différents cratères et observer la lave de la dernière éruption qui date de novembre 2023. On peut la toucher et c'est encore bien chaud. Il fait froid à cette altitude, il y a de la neige par-ci par-là et beaucoup de vent. Pendant que notre guide parle, il nous propose de nous réchauffer en nous asseyant sur un flan d'un cratère. Quelle surprise de se retrouver sur un siège chauffant ! Le sommet est fermé aux visiteurs, vu qu'il s'agit d'un site actif mais nous en prenons plein les yeux.

Après l'Etna, nous visitons la Necropole de Pantalica qui est composée de 5000 tombes gravées dans la roche à l'Age du bronze. Dans les jours suivants, nous enchaînons pour visiter Syracuse, Noto et Ragusa. Dans chaque ville, on se sent un peu à l'écart de la mode italienne. Comparé à de simples touristes, nous avons l'air de deux plombiers. Pour une fois, Pauline essaye de faire un effort vestimentaire. Rien n'à faire, les gens continuent à nous regarder bizarrement. Nous entendons dans un documentaire qu'il est important en Italie d'assortir ses chaussures avec ses vêtements. Super fière, Pauline sort ses bottes jaunes et son ciré jaune dès le premier jour de pluie !! Mais non visiblement, ce n'est pas bon non plus. Limite pire... Tant pis, on va dire qu'on ressemble à deux aventuriers.

Le mauvais temps arrive et la météo annonce deux jours de pluie et de grands vents. Nous décidons de rouler vers l'intérieur des terres pour se mettre à l'abri. Il y a une petite ferme, « OlivenOnkel », où nous passons deux nuits. Nous y rencontrons Antonino et ses deux ânes, ses trois chiens, ses sept chiots, ses cinq chèvres et ses six chats. Les chiots étaient adorables !! Difficile de ne pas en kidnapper un ou deux. On s'est entraîné en Albanie, le dognapping, ça nous connaît ! Antonino est un gentil, drôle, de personnage. Il cuisine pour nous quelques plats typiques de la région avec les plantes qu'il trouve dans son jardin et dans ses prés. Nous goûtons les pasta con finocchietto et les tiges d’artichauts frits. Dans la cuisine sicilienne, il y a quelques règles que nous avons réussi à dégager. Premièrement, il n'y a jamais trop d'huile d'olive. Deuxièmement, il n'y a jamais trop de citron. Troisièmement, ne jamais mettre du fromage sur des pâtes au poisson. Il faut alors préférer des miettes de pain sautées. Nous prenons une leçon de cuisine avec lui et de cueillette sauvage.

Après cette rencontre, nous allons voir la « Scala dei Turchi », Sciacca, Cretto di Burri (une œuvre d'art en pleine aire pour commémorer le tremblement de terre de 1968), la réserve de sel de Marsala, Monte Erice et Monte Cofano. Petit à petit, le projet de Bea et Lino se rapproche. Nous ne sommes vraiment pas loin de chez eux mais il nous reste deux jours. Nous terminons donc notre road trip touristique par une magnifique randonnée dans le parc national de Zingaro. Ce sont des montagnes laissées intactes, à part les quelques sentiers de randonnée, le long de la mer. La balade est magnifique. Il y a quelques petites plages de galets, offrant une eau turquoise et limpide. Et tout ça rien que pour nous ! Nous n'avons croisé qu'une seule personne.

Mais ça y est, le shopping est fait, la lessive est faite, les vidanges de Gary sont faites, nous sommes prêts à rencontrer Bea et Lino !

Ce post est rédigé le 11/02/24 par Pauline dans le camping-car pendant que Jasper suit un cours de mécaniques statiques sur son ordinateur. Il ne pleut PAS dehors, pour une fois...

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